L’huître sentinelle de Jean Noël.

Dans le cadre de mon nouveau job, j’ai rencontré un ostréiculteur d’exception, un gars passionné qui aime son métier et veut le sauver de la crise dans laquelle les fermiers de la mer sont englués. Ah « on ne dit pas fermiers même si on se revendique paysans de la mer » me corrige Jean-Noël.

Je te mets ma production, parce que ça vaut le coup de savoir, je trouve (et puis que ce petit machin m’a demandé quelques heures de boulot pour comprendre et savoir, et ne pas dire de couillonneries).

Depuis 2008, l’huître des côtes françaises connaît une crise grave de surmortalité

« On met en cause une nouvelle souche du virus, la dégradation de l’écosystème ou la fragilisation des populations d’huîtres liée aux conditions d’élevage intensif, à un appauvrissement génétique ou encore aux manipulations que certaines ont subies. Mais nul ne sait précisément » (fondation Slow Food). Un virus qui n’est pas transmissible à l’Homme.

La Ria d’Etel n’échappe pas au phénomène, et de la vingtaine de fermes ostréicoles de Locoal Mendon, on ne sait exactement combien vont mettre la clé sous la porte.  

Slow Food et ses sentinelles.

Slow Food est un mouvement international fondé à Paris en 1989 par Carlo Petrini, journaliste et critique gastronomique. Le Slow Food (restauration lente ) cherche à combiner le plaisir gastronomique avec un profond respect de l’environnement, en opposition au fast food, restauration rapide et post-industrielle qui standardise les goûts. Les sentinelles sont des projets de Slow Food , créés pour accompagner les petits producteurs et préserver les productions artisanales de qualité. Ils tentent de sauvegarder et relancer un produit alimentaire menacé, comme c’est le cas de l’huître.

Cahier des charges d’une sentinelle.

L’Arche du goût qui fait partie du projet slow food, est chargée d’inventorier et de publier les produits alimentaires menacés d’extinction par la standardisation industrielle. C’est son comité qui examine la candidature du producteur qui en a fait la demande.

Une sentinelle doit respecter certaines conditions qui donnent à ce produit une qualité optimale.

Jean-Noël Yvon, ostréiculteur à l’Istrec, appartient au réseau Cohérence, et produit une huître qui correspond, de fait, à ce cahier des charges. En effet, le réseau Cohérence promeut des solutions alternatives rentables économiquement, écologiquement saines et socialement équitables et depuis 2009 a entamé une démarche d’ « Ostréiculture durable et solidaire ».

Jean-Noël est très sollicité pour l’exemple et l’engagement qu’il montre pour la sauvegarde de l’huître. Avant même que la maladie soit présente dans les fermes il tenait à instaurer le dialogue entre les ostréiculteurs et les agriculteurs, pour que chacun y trouve son compte. Toujours discuter, pour l ‘échange des connaissances et des solutions, c’est ce qui fait de lui ce qu’il est, un homme passionné et passionnant, très pédagogue, ce qui explique son succès auprès des différents organismes qui s’intéressent à l’environnement et l’huître.

Devenir sentinelle pour le Slow Food.

Au même titre que la vache Pie Noire, ou le chou de Lorient, l’huitre de l’Istrec, produite en pleine mer et dans le respect de son environnement avec une culture traditionnelle, est devenue sentinelle pour la fondation Slow Food, comme d’autres ostréiculteurs de l’ouest qui décident de suivre cette démarche.

L’huître de l’Istrec, « ne me dites plus du Listrec » m’a dit Jean-Noel (l’Istrec, c’est « l’huitrière ») devient un témoin de la qualité des eaux  de la Ria d’Etel, d’une saveur particulière, dépendant de la salinité des eaux, des marées, des courants…Et on n’oubliera plus qu’une huître responsable ne se consomme que les mois en R, de septembre à avril. C’est la saison, profitez-en !

Plus d’informations :

www.slowfood.fr

www.reseau-coherence.org

www.huitres-de-bretagne-yvon-et-fils-ria-d-etel-56.com

15 réflexions sur “L’huître sentinelle de Jean Noël.

  1. wow, super interressant, j’aimerai bien gouter l’huître de l’Istrec, elle doit être délicate au goût, sûrement un vrai bonheur, et quel bel exemple de responsabilité sociale et écologique.

  2. Tu sais, si tu m’autorises, je ferai travailler mes élèves sur ton article. Ils sont accros au fast-food et je pense que, comme moi d’ailleurs, ils ne connaissent pas le concept de slow food.
    J’aime l’idée de sentinelle et , comme d’hab, tu m’apprends des « trucs ».

  3. bonsoir,
    Ce Jean Noël Yvon n’aurat-il pas des origines Groisillones? mon petit doigt me l’a dit s’il ne fait pas erreur.
    bisous à notre journaliste peut-être enquêtrice…

  4. Pingback: Tarte au bout des doigts « Se nourrir de la Tête aux Pieds by Tifenn

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