MAD MADELEINES (ou comment faire des madeleines sans beurre)

Tiens, incredible  mais je n’ai plus de beurre dans le réfrigérateur! comment faire pour le goûter des childrens? parce que je n’ai pas NON PLUS fait de pain!

Des fois, je ne suis pas une bonne mère, encore moins une bonne ménagère, je hais le ménage. Et des fois, c’est pire, j’ai envie de ne rien faire!

C’est pourquoi les madeleines, c’est bien, c’est vite fait, et qui n’aime pas?

Bon, bien sur, ne comptez pas sur moi pour faire des bosses…pour les bosses, faut anticiper, on va dire, 24 h soit la veille du jour..because tu dois les mettre au frais pour que ce soit bien froid et que tu les mettes à cuire dans un four chaud au dernier moment.

Il paraît.

Il te faut quand même de la matière grasse, soit, de l’huile, d’olive, et de la bonne.

Parce que tu vas en sentir un peu le goût.

Recette trouvée sur le blog de Cooky Monster

Il te faut pour 20 madeleines de taille normale:

1 oeuf/ 110 g de sucre/ 85 g d’huile d’olive/ 150 g de farine T55 tamisée/ 1/2 càc de levure/ 75 g de lait/ 1 pincée de sel.

Mélanges ton oeuf et ton sucre au fouet, puis l’huile.

Mélanges ensemble la levure,  la farine et le sel, puis ajoutes les à l’oeuf sucré battu.

Enfin le lait.

C’est plus liquide qu’une pâte traditionnelle.

Dans la recette c’est indiqué 160 chaleur tournante, 15 mn.

Je l’ai fait et ajouté 10 mn à 200 pour qu’elles prennent une couleur qui me plaise. Tout dépend des fours sans doute.

J’ai pô dit aux enfants l’huile d’olive, ils ont tout raflé, j’en ai sauvé pour le père rentré du lycée…in extremis…

La Madeleine en Photo pour le concours de Dumè et Nawal…

(ça, c’est la photo qui concourt, d’ac?)

Il m’est définitivement acquis que les Madeleines à bosses, c’est pas pour moi. J’ai tiré un trait, fait une croix dessus, laissé tomber, fait mon deuil.
C’est pourquoi, la photo que j’en ai faite, est de son ventre.
Et c’est bien connu que la madeleine à bosse elle retombe toujours en arrière, dans un grand splasch, en éclaboussant ses voisines, et en exposant à nos regards émerveillés ce ventre blanc et strié, sur lequel s’accrochent mille coquillages.
Et puis, il y ales écrivains de talent, ceux dont on se demande à la fin de la phrase à combien de pages en arrière celle ci commençait.
Des phrases longues comme des baleines, mais savoureuses com
me les madeleines.
Qui ne connaît pas Proust et la sienne, de madeleine?
Tiens, je copie colle le texte que Nawal et Dumè ont eu la gentillesse de nous remettre en mémoire pour ce jeu à la bonne idée de mélanger photo et écriture, un mélange de bon goût en somme.

(Tous les détails du jeu en cliquent sur la bannière à droite…)


Marcel Proust, 1913. Du côté de chez Swann, dans A la recherche du temps perdu, Pléiade, t.I.

La Madeleine.

II y avait déjà bien des années que, de Combray, tout ce qui n’était pas le théâtre et le drame de mon coucher, n’existait plus pour moi, quand un jour d’hiver, comme je rentrais à la maison, ma mère, voyant que j’avais froid, me proposa de me faire prendre, contre mon habitude, un peu de thé. Je refusai d’abord et, je ne sais pourquoi, me ravisai. Elle envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés Petites Madeleines qui semblent avoir été moulés dans la valve rainurée d’une coquille de Saint-Jacques. Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d’un triste lendemain, je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j’avais laissé s’amollir un morceau de madeleine. Mais à l’instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d’extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m’avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause. II m’avait aussitôt rendu les vicissitudes de la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire, de la même façon qu’opère l’amour, en me remplissant d’une essence précieuse : ou plutôt cette essence n’était pas en moi, elle était moi. J’avais cessé de me sentir médiocre, contingent, mortel. D’où avait pu me venir cette puissante joie ? Je sentais qu’elle était liée au goût du thé et du gâteau, mais qu’elle le dépassait infiniment, ne devait pas être de même nature. D’où venait-elle ? Que signifiait-elle ? Où l’appréhender ? Je bois une seconde gorgée où je ne trouve rien de plus que dans la première, une troisième qui m’apporte un peu moins que la seconde. II est temps que je m’arrête, la vertu du breuvage semble diminuer. Il est clair que la vérité que je cherche n’est pas en lui, mais en moi.
[…]
Je pose la tasse et me tourne vers mon esprit. C’est à lui de trouver la vérité. Mais comment ? Grave incertitude, toutes les fois que l’esprit se sent dépassé par lui-même; quand lui, le chercheur, est tout ensemble le pays obscur où il doit chercher et où tout son bagage ne lui sera de rien. Chercher ? pas seulement : créer. II est en face de quelque chose qui n’est pas encore et que seul il peut réaliser, puis faire entrer dans sa lumière.
Et je recommence à me demander quel pouvait être cet état inconnu, qui n’apportait aucune preuve logique, mais l’évidence, de sa félicité, de sa réalité devant laquelle les autres s’évanouissaient. Je veux essayer de le faire réapparaître. Je rétrograde par la pensée au moment où je pris la première cuillerée de thé. Je retrouve le même état, sans une clarté nouvelle. Je demande à mon esprit un effort de plus, de ramener encore une fois la sensation qui s’enfuit. Et, pour que rien ne brise l’élan dont il va tâcher de la ressaisir, j’écarte tout obstacle, toute idée étrangère, j’abrite mes oreilles et mon attention contre les bruits de la chambre voisine.
Mais sentant mon esprit qui se fatigue sans réussir, je le force au contraire à prendre cette distraction que je lui refusais, à penser à autre chose, à se refaire avant une tentative suprême. Puis une deuxième fois, je fais le vide devant lui, je remets en face de lui la saveur encore récente de cette première gorgée et je sens tressaillir en moi quelque chose qui se déplace, voudrait s’élever, quelque chose qu’on aurait désancré, à une grande profondeur ; je ne sais ce que c’est, mais cela monte lentement ; j’éprouve la résistance et j’entends la rumeur des distances traversées.
Certes, ce qui palpite ainsi au fond de moi, ce doit être l’image, le souvenir visuel, qui, lié à cette saveur, tente de la suivre jusqu’à moi. Mais il se débat trop loin, trop confusément ; à peine si je perçois le reflet neutre où se confond l’insaisissable tourbillon des couleurs remuées ; mais je ne peux distinguer la forme, lui demander, comme au seul interprète possible, de me traduire le témoignage de sa contemporaine, de son inséparable compagne, la saveur, lui demander de m’apprendre de quelle circonstance particulière, de quelle époque du passé il s’agit.
Arrivera-t-il jusqu’à la surface de ma claire conscience, ce souvenir, l’instant ancien que l’attraction d’un instant identique est venue de si loin solliciter, émouvoir, soulever tout au fond de moi ? Je ne sais. Maintenant je ne sens plus rien, il est arrêté, redescendu peut-être ; qui sait s’il remontera jamais de sa nuit ? Dix fois il me faut recommencer, me pencher vers lui. Et chaque fois la lâcheté qui nous détourne de toute tâche difficile, de toute oeuvre importante, m’a conseillé de laisser cela, de boire mon thé en pensant simplement à mes ennuis d’aujourd’hui, à mes désirs de demain qui se laissent remâcher sans peine.
Et tout d’un coup le souvenir m’est apparu. Ce goût, c’était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray (parce que ce jour-là je ne sortais pas avant l’heure de la messe), quand j’allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m’offrait après l’avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul. La vue de la petite madeleine ne m’avait rien rappelé avant que je n’y eusse goûté ; peut-être parce que, en ayant souvent aperçu depuis, sans en manger, sur les tablettes des pâtissiers, leur image avait quitté ces jours de Combray pour se lier à d’autres plus récents ; peut-être parce que, de ces souvenirs abandonnés si longtemps hors de la mémoire, rien ne survivait, tout s’était désagrégé; les formes – et celle aussi du petit coquillage de pâtisserie, si grassement sensuel sous son plissage sévère et dévot – s’étaient abolies, ou, ensommeillées, avaient perdu la force d’expansion qui leur eût permis de rejoindre la conscience. Mais, quand d’un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l’odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l’édifice immense du souvenir.

(banc de Madeleines)

Saviez vous que les madeleines furent sans doute inventées pas Madeleine Simonin, cuisinière de Paul Gondi, cardinal de Retz et prélat de Paris pendant la minorité de Louis XIV?

En 1661, alors que le cardinal habitait Commercy, il souhaita modifier la pâte à beignets, au point qu’apparut une nouvelle pâtisserie. C’est la duchesse de Longueville, qui dînait chez le cardinal en qualité de frondeuse, qui baptisa ces douceurs du nom de la cuisinière qui les fit connaître. (…) .
Râpez sur un morceau de sucre le zeste de deux citrons, écrasez ce sucre très fin, mêlez le avec du sucre en poudre; pesez en neuf onces que vous mettez dans une casserole avec huit onces de farine tamisée, quatre faunes et six oeufs entiers, deux cuillerées d’eau-de-vie d’Andaye et un peu de sel (…)

Je pourrais continuer la recette ainsi faite comme indiquée dans le livre que j’ai sur les genoux « La grande histoire de la Pâtisserie-Confiserie Française » de S.G.Sender et Marcel Derrien, aux éditions Minerva. Mais non, car nous nous trouverions fort dépourvu(e)s, non?
J’en ai plusieurs versions (toutes plates, faut pas croire que je ne tiens pas ce que je dis)
Ici, par exemple ou (ah ah ah , les photos, je rigole!)
Du coup, je me permets parfois des variations: changer la nature du sucre, un peu de celui ci ou un peu de celui là…ici, j’ai fait au citron jaune et avec un peu de vergeoise brune et du sucre roux. Et j’ai battu les blancs en neige..et j’ai obtenu 56 belles madeleines, format cuillère à soupe.
On y va?

Pour une cinquantaine de Badeleines.
8 oeufs, 150 g de sucre roux, 50 g de vergeoise brune, 2 càc de zeste de citron (bio, non traité, est il besoin de dire?), 180 de farine, 200 g de beurre demi sel fondu, 4 càc de jus de citron (en fait faut 1 citron!)
Tu fouettes: les jaunes d’oeufs, le sucre, le zeste, jusqu’à blanchissement.
Tu incorpores le beurre, je jus de citron, la farine.
Tu bats les blancs fermes. Tu ajoutes délicatement.
Dans un four préchauffé à 200 degrés tu fais cuire tes madeleines dans un moule (le mien, plaque de silicone noir Demarle, si tu en veux tu dis) pendant 15 mn.
Tip top.
Tu enlèves la main de ta fille de trois ans pour ne pas qu’elle se brûle…

Mais bon, tu ne peux pas lui en vouloir...

Petites Madeleines, pour supporter l’Hiver

Elle n’a toujours pas de bosse ma Madeleine, mais je l’aime.

Elle est douce, elle est facile, elle ne demande qu’à se lever toute seule, sans levure, elle se marie bien aux petits matins frais ou au coin du feu, le soir avec la boisson chaude au miel et au citron.

Et puis, c’est simple, en trois tours de cuisson et me voilà avec de quoi faire plaisir au 26 camarades de classe de ma grande, à la place des bonbons pas bons…
Bon, j’exagère un peu, ce sont des minis madeleines, mais elles se mangent en deux bouchées… et ma plaque en fait 28 d’un coup.

Les Madeleines de 7 ans, pour ma grande, tourner 7 fois sa langue avant de croquer…

De cet excellentissime bouquin de petites recettes (« à l’heure du thé » de James Mac Nair et Andrew Moore), pas si petites qu’elles en ont l’air…
Vous vous souvenez des Snickerdoodles? allons, passons aux Madeleines à présent…
Dans ton armoire, tu prends du beurre (180 g) que tu fais fondre à feu doux.
Dans une jatte (j’aime ce mot, ça fait…d’antan!), tu mélanges 3 oeufs avec un jaune, 160 g de sucre de canne roux, et la pincée de sel si ton beurre n’est pas salé (ce qui n’est pas le cas du mien, oh my God!).

Tu fouettes, au mixeur ou au robot, sachant qu’il faut obtenir le blanchissement de l’appareil (celui des oeufs, pas le robot, il l’est déjà, blanc)
A côté, tu as préparé 240 g de farine T45, tamisée (mais bon, si tu oublies…)
Tu verses la moitié de cette farine dans les oeuf
s sucrés blanchis, tu mélanges à petite vitesse si tu restes au robot, puis tu fais glisser le beurre fondu.
Enfin, tu ajoutes le reste de farine et un arôme comme tu aimes, soit du citron, soit de la vanille…
Tu as presque fini là, tu te fais couler un café ou chauffer de l’eau pour le thé, histoire de.
Et tu mets ta terrine au frais minimum 30 minutes recouverte à même la pâte d’un film alimentaire.

Tu bois ton thé en feuilletant un livre, je viens de lire un mauvais polar, enfin un bon thriller mais pas très bien écrit, enfin, sans style, alors je te conseille plutôt ce trio de livres de Alba Pezone

Voilà. Tu ne tiens plus, ta fille de 7 ans te demandes si tu n’as pas bientôt fini…
Alors tu mets la pâte en poche à douille, avec un embout de plus de 5 mm, et tu remplis tes empreintes silicone si tu es comme moi une flemme pour tout ce qui est « beurrer le moule puis saupoudrer de farine, renverser pour enlever l’excédent)
Bref.
Tu enfournes à four préchauffé à 190 chaleur tournante (ou 200 si à gaz) pour 12 mn.
Elles ne feront pas de bosse tes Madeleines, mais elles gonfleront quand même…

 

Oh mais, bon sang, ne somme nous pas le jour des rois?
Mais si.
Comment? pas de brioche ou galette?
Mais non.
Tout vient à point à qui sait tattendre!

Bonne année les Gourmands! qu’elle vous soit aussi douce que ces Madeleines…